Castelnau-Magnoac : le club d’Antoine Dupont qui enchaîne les montées comme on change de chemise
Article du Rugbynistère du 13 juin 2023 par Theo Fondacci
Mis sur le devant de la scène parce que village familial des Dupont, Castelnau-Magnoac voit aussi son club tirer les bénéfices de cette exposition. Lui qui vient de connaître 4 montées en 4 ans.
Dans le Sud-Ouest, au cœur du plateau de Lannemezan et à la lisière des Hautes-Pyrénées, du Gers et de la Haute-Garonne, un village d’irréductibles occitans résiste encore et toujours à l’envahisseur. Celui-ci se nomme Castelnau-Magnoac et, avec ses moyens, lutte aux confins du Pays des Coteaux avec l’adversité voisine. La saison prochaine, celle-ci sera encore plus grande en Fédérale 3, puisque le club vient d’y être promu grâce à son titre de champion d’Occitanie. Comment le MFC compte-t-il lutter avec les costauds de Saverdun, de Sor Agout, de Gan ou de l’Isle en Dodon, en fonction de leur poule ? Toujours avec les mêmes armes, selon son président Sébastien Bousquet.
Bien évidemment, tout se fait sans argent ici mais autour de la vie d’un club, de la convivialité, d’une sacrée bande de copains. On ne sait pas encore trop où on met les pieds mais on le fera avec détermination, dans le but de continuer à faire monter le club en assurant déjà un maintien, pour la 1ère saison dans cette division que Castelnau n’a plus connue le depuis 2008 !
Des valeurs qui ont donné une véritable cure de jouvence à de ce village de 800 habitants, qui végétait en 2ème série en 2019, lorsque Bousquet et sa troupe ont pris le pari de relancer le club. Forcément, c’est le principal intéressé qui parle le mieux du projet : “Le dessein s’est bâti sur 3 axes majeurs : Engager un maximum de bénévoles impliqués qui connaissaient bien le club ; Faire revenir à Castelnau nombre d’anciens joueurs formés au club qui évoluaient dans des formations voisines ; Relancer l’école de rugby et accueillir les enfants qui feront perdurer le club demain.” Avant de poursuivre, pour mieux mesurer le chemin déjà accompli : “En 2019, on a lancé le projet MFC 2023 avec pour objectif “ultime” la Fédérale 3 à ce moment-là. 4 ans et 4 divisions plus tard, nous y sommes.”
Il faut dire que le club du bord du lac carbure depuis la période de la Covid passée. Demi-finalistes du championnat de Promotion Honneur en 2022 et logiquement promus en Régionale 1 cette saison, les Rouge et Blanc ont récidivé avec une nouvelle montée, en Fédérale 3 cette fois-ci. Et ce non pas grâce à un parcours fantasmagorique aux France (malgré un 8ème de finale accroché), mais un titre de champion d’Occitanie à la suite d’un parcours ma foi tout aussi relevé, compte tenu de l’adversité au sein de la plus grosse ligue nationale. “Disons qu’on a choisi de se focaliser sur le chemin le plus court en termes de temps”, sourit le président. Et après avoir disposé de solides formations comme celle de Vic-en-Bigorre (qualifiée pour les demi-finales du championnat de France de R1), Castelnau s’offrait le Racing Club de Trèbes emmené par Vavae Tuilagi en finale, au terme d’un match mémorable (40 à 25) pour la 8ème division française.
L’influence d’Antoine Dupont
Mais comment ce petit club des Hautes-Pyrénées, dont les meilleurs produits partent inlassablement nourrir les ogres voisins d’Auch, de Lannemezan ou de Tarbes, parvient-il à tenir cette cadence infernale et renverser des montagnes sur le terrain ? Au-delà de la qualité évidente de la formation magnoacaise, les arguments évoqués ci-dessus par le président du club dressent déjà le portrait de ce qui fonctionne au stade Jean-Morère. Là où Castelnau a su faire revenir ces dernières saisons nombre de joueurs formés au club qui garnissaient les rangs de clubs voisins comme Clément Dupont a Miélan (Fédérale 2), par exemple. “On convoite toujours avec le même discours : rejoindre une bande de copains, une vie de club et un beau projet sportif pour saupoudrer le tout. Chaque saison, des garçons qui connaissent bien les niveaux fédéraux nous rejoignent pour cela. Et notre philosophie doit convaincre puisque depuis 4 ans et à notre grande surprise, on n’a eu aucun départ vers des clubs rivaux. Tous les joueurs qui nous ont quitté ont tout simplement arrêté le rugby. C’est dire qu’ici, on s’y sent bien. Et que lorsque qu’on met les pieds à Castelnau-Magnoac, on en repart plus (rires).”
Quant aux Dupont, puisque l’on vient d’évoquer le fameux patronyme, le meilleur joueur du monde n’a-t-il pas directement à voir avec la dynamique de son club formateur ? Celui que tout amateur de balle ovale sait désormais placer sur une carte… On le sait, le capitaine des Bleus et demi de mêlée du Stade Toulousain n’a jamais caché la fierté de ses origines, qui se trouvent à la frontière du Bigorre. Comme Clark Kent avec Smallville, il a donc contribué à placer sa bourgade sur le devant de la scène par ses exploits, et lui faire prendre un essor inimaginable il y a encore quelques années.
“Et puis bien sûr, autour de tout ça, il y a l’influence d’Antoine, qui met beaucoup le village et l’entité en avant, corrobore Sébastien Bousquet. Il est très présent au club aussi et c’est très important pour les enfants notamment. Tout ça contribue à l’essor qu’a pris le Magnoac FC depuis quelques saisons désormais. Aujourd’hui, n’importe quel amoureux du rugby connaît notre petit village.” Une bourgade qui vit autour de son club, qui vient d’ailleurs d’avoir des nouvelles de la fédération, qui a fixé une date de reprise de la saison au 17 septembre. Au moment même où la figure de proue locale, elle, mènera les Bleus dans ce Mondial 2023 organisé en France. Sans jamais oublier d’où elle vient…