Mondial-2023: Antoine Dupont, l’ambassadeur du Magnoac (France 24 / AFP)
Castelnau-Magnoac (France) (AFP) – Les volets verts de l’Hôtel Dupont restent clos dans la chaude torpeur de l’été mais leur peinture fraîchement refaite trahit le renouveau de cette institution de Castelnau-Magnoac, le village haut-pyrénéen du capitaine du XV de France Antoine Dupont, dont la notoriété stimule l’économie locale.
A l’arrière du bâtiment principal, tournée vers des champs desséchés et un lac aux eaux claires, la terrasse de “La Taulada” (la tablée en gascon) affiche quasiment complet pour le service du midi.
Ouvert depuis le mois de mai, le restaurant a conservé à sa carte le magret en cocotte qui avait fait la réputation de l’établissement autrefois détenu par les grands-parents d’Antoine Dupont.
Fermé pendant plus de dix ans, il a été racheté par la municipalité, qui a souhaité lui “rendre son lustre d’antan” tout en capitalisant sur la popularité grandissante du demi de mêlée international du Stade toulousain.
“On profite de sa personnalité, de façon intelligente et logique, pour embarquer l’économie locale”, dit à l’AFP le maire Bernard Verdier.
Lorsqu’il a entamé son premier mandat en 1995, la commune de 800 habitants, située au carrefour des Hautes-Pyrénées, du Gers et de la Haute-Garonne, avait, à l’entendre, “besoin d’être boostée”.
Lauréate du programme national “Petites villes de demain”, bien dotée en services publics, elle a accueilli le départ d’une étape du Tour de France l’an passé et semble échapper au déclin subi par de nombreuses zones rurales à travers la France.
Porc noir et métairie
Resté fidèle à ses racines, qu’il se plaît à retrouver dès que le calendrier rugbystique lui en laisse l’occasion, Antoine Dupont n’est pas étranger à ce dynamisme.
“C’est un ambassadeur avec un grand A“, approuve le maire. “Il a un physique, il passe bien dans les médias. Il coche toutes les cases du bon produit qui peut faire la réputation d’un territoire, d’une nation. Pour Castelnau-Magnoac, c’est superbe.”
En contrebas du village, sur la route du Gers voisin, Clément Dupont, le grand frère d’Antoine, s’affaire sur son tracteur autour de son élevage de porcs noirs de Bigorre, une espèce quasiment éteinte relancée par un collectif de passionnés.
“C’est ancré dans la famille d’être attaché au territoire, de mettre en valeur un savoir-faire local et de le perpétuer”, raconte-t-il à l’AFP avec le même accent et la même simplicité que le capitaine des Bleus.
Les deux frères ont cédé l’emblématique Hôtel Dupont à la mairie pour se concentrer sur un autre projet: la réfection du Domaine de Barthas, une annexe de l’établissement familial du centre-bourg.
Après de gros travaux, cette ancienne métairie accueille depuis bientôt deux ans mariages, baptêmes et séminaires d’entreprises, pour lesquels le carnet d’adresses d’Antoine Dupont s’avère précieux.
“En lumière”
“C’est important, quel que soit le domaine, d’avoir du réseau pour développer une activité”, explique Clément, conscient du rôle tenu par le meilleur joueur mondial de l’année 2021 dans l’attractivité du village.
“Il y a des gens qui ne viennent à Castelnau-Magnoac que pour voir si mon frère traîne par là”, s’en amuse l’éleveur. “Il faut que ça profite au village, au canton, à tout le monde (…) Un jour, plus personne ne s’intéressera à lui ni à nous”.
Photos d’enfance, coupures de presse, maillot de l’équipe de France… Un mur est dédié à “L‘enfant du Magnoac” dans les locaux du club de ses débuts, dont l’équipe première fait sa rentrée en ce mercredi de début août.
Avant d’en tracer les lignes, des cordeaux sont tendus aux extrémités du terrain, bordé de panneaux de sponsors inhabituellement nombreux à ce niveau (Fédérale 3 pour les garçons et fédérale 1 pour les filles). Un autre effet Dupont.
“Ça nous met en lumière. Quelqu’un qui connaît le rugby, connaît Castelnau-Magnoac grâce à lui“, reconnaît Sébastien Bousquet, l’un des trois coprésidents du Magnoac FC. “Mais ce n’est pas seulement Antoine. C’est un travail d’ensemble, avec une équipe de bénévoles nombreuse et engagée”.
L’automne dernier, plusieurs milliers de personnes — “presque un peu trop” pour le dirigeant — ont assisté à la journée consacrée chaque année à la gloire locale au stade Jean-Morère, sans doute amené à être rebaptisé un jour.
“Les champions d’exception laissent des traces en général“, ne cache pas le maire Bernard Verdier. Surtout s’ils sont les premiers à soulever une Coupe du monde.