De la reconstruction à la gloire : 1945-1970
Les années de reconstruction du club
Une gestion très collégiale du club
Les années d’après guerre et les années 50 sont celles de reconstruction du MFC à l’image de la reconstruction de la France aux lendemains de la seconde guerre mondiale. Il est difficile de dresser une liste exacte des présidents de cette époque pour la bonne raison que ceux-ci n’étaient pas vraiment désignés d’une manière officielle. Les acteurs de cette époque ne sont pas en mesure aujourd’hui d’apporter des précisions exactes à ce sujet. On sait seulement qu’un groupe de dirigeants mordues a relancé le club et les championnats avec, à leur tête Joseph Baqué, grand apôtre du cyclisme. Père de François Baqué, Joseph est un ancien joueur du CAL avec lequel il fut sacré champion de France lors de la saison 1929-1930. Il jouait au poste de talonneur. Joseph Baqué aurait été président aux environs des années 1950 avec aussi Georges Péghilhan, célèbre grand prisonnier de guerre dans le canton.
Auguste Castet, ancien receveur, est trésorier. René Niolet est encore à cette époque, dirigeant voire même de nouveau président. Il quitte ensuite Castelnau-Magnoac pour rejoindre Bagnères-de-Bigorre. Dans cette ville thermale, il y poursuit son activité commerciale de vente de meubles. René Niolet deviendra plus tard président du Stade Bagnérais. En 1970, lors de l’épopée glorieuse du MFC, il accorde une interview à “La Dépêche” sur ses années de présence au MFC en tant que joueur et président.
En 1956, nous connaissons avec précision la composition de l’équipe dirigeante, du moins celle aux commandes directes du club. Lors de l’assemblée générale du 4 novembre 1956, le comité directeur est ainsi constitué : René Despaux, président; André Débat, vice-président; Auguste Castet, secrétaire général; Henri Cabos, trésorier adjoint. Sont aussi membres du bureau : Laurent Labat, Adrien Lupin, Gilbert Denoeys, Jean Puydarrieu.
René Despaux est né en 1921 tout comme son vice-président qui lui succède. Pour la petite histoire, rappelons une anecdote qui révèle bien l’état d’esprit dans lequel les présidents de l’époque accomplissaient leurs fonctions. Venant d’être désigné président, notre cher André Débat s’empresse de bien recommander à ses amis dirigeants de ne surtout pas le dire à son épouse. Forcément, le secret n’est pas préservé bien longtemps. Le lendemain, ou peu de jours après cette grande élection, un des commerçants de la place de Castelnau ne peut s’empêcher ne peut s’empresser de prendre des nouvelles de l’agent secret. De l’autre extrémité de la place, il l’interpelle et lui crie publiquement : “Alors Monsieur le Président, comment ça va ?”.
En 1959, un article de presse nous apprend que le président du Club est Joseph Tarboulier , directeur du collège rural. En fait René Despaux assume la présidence du club lors de la saison 1956-1957 puis André Débat prend le flambeau, la saison suivante, pour quelques mois. On peut situer l’arrivée de Joseph Tarboulier à la présidence du MFC en 1958.
René Despaux affirme encore de nos jours que, bien souvent, personne ne souhaitait assumer cette fonction de président et qu’il assurait par conséquent des intérims. durant l’été 1956, René Despaux est déjà président. En effet, en août 1956, joueurs et dirigeants du club se retroussent les manches pour débuter la construction, côté nord du terrain actuel, de leurs vestiaires. La presse d’époque précise bien que le président est René Despaux. Celui-ci, en amuseur public, est d’ailleurs photographié, coiffé d’un chapeau melon, au volant d’une voiture dite “présidentielle”.
Les années 1950 restent bien celles de la reconstruction du Club. Les championnats officiels sont très suivis, le club se dote d’un foyer, de vestiaires, de tribunes. L’ensemble est peut-être rustique mais il dénote bien l’envie du MFC de retrouver l’éclat de sa jeunesse passée, celle de l’épopée de Paul Mousset.
Côté Sportif, les saisons, surtout celles de la fin des années cinquante, ne s’achèvent pas forcément sur des résultats exceptionnels. À cette époque, on voir arriver plusieurs joueurs, CRS à Lannemezan : les dénommés Bielsa, Vital, Pécune, Fourtine, Labanère vont marquer de leur empreinte le club.
Et pour faire bonne mesure, des prêtres de Garaison intègrent aussi le MFC. Nous reparlerons d’eux plus loin. Leur hiérarchie est, au début, peu favorable à cette pratique sportive. Alors les prêtres ensoutanés doivent se changer clandestinement, en un lieu différent de celui des autres joueurs. Cela se passe aux ateliers de la maison Niolet dans lequel le menuisier stocke les cercueils.
Souvent, des matchs amicaux opposent l’équipe de Castelnau à l’équipe scolaire de Garaison. Telle est le cas le jour de l’Ascension 1959. L’année 1952 est, de loin, la plus grande année sportive de cette période d’après-guerre.
La grande année 1952
La saison qui vient de récompenser et couronner l’ensemble des efforts de revitalisation du MFC est bien celle de 1951-1952 où le club, avec son équipe unique, remporte deux titre : celui de champion Armagnac-Bigorre 4e série en battant d’abord Riscle en demi-finale le 17 février 1952, puis Plaisance en finale le 24 février
La même année, l’équipe remporte la coupe Vallès en battant Bordères-sur-l’Échez. Parmi les joueurs de cette époque, voici quelques noms : les frères Despaux, M.M. Bacon, Lier, Liaut, Kindts, Cabos, Ferrand, Gaspin, Vidou, Dupuy, Castet. Toujours la même année, le club dispute le championnat appelé à l’époque, “championnat du groupe sud” de 4e série. Il termine sa course en demi-finale. Cette dernière se déroule à Villefranche-de-Lauragais face à Cazouls-lès-Béziers, club de l’Hérault pour ceux qui n’aura pas compris.
En marge du championnat territorial en 4é série, la coupe Vallès est donc remportée, la même année, par les magnoacais. Cette compétition correspond à une forme de challenge en mémoire du grand joueur du même nom. La match de finale se joue le 11 mai 1952 sur le terrain de Rabastens devant un nombreux public et oppose donc le MFC à Bordères-sur-l-Échez. Dès l’entame du match, Pierre Liaut de mêlée favorable, perce avec précision et s’en va marquer un essai que le joueur Ferran transforme. Même si l’équipe “Rouge et Blanc” domine durant toute la première période de jeu, elle ne parvient pas à inscrire d’autres points. Bordères-sur-l-Échez profite de la seconde période du match pour s’affirmer. L’équipe marque un essai en coin. Mais le score, désormais de 5 à 3 pour le MFC reste le même jusqu’à la fin de la période réglementaire grâce à une défense infaillible du Magnoac. C’est alors une belle victoire que nos vaillants magnoacais s’empressent de fêter, même Pierre Liaut avec son œil pourtant bien marqué durant le match. L’équipe se voir remettre la belle coupe Vallès et regagne Castelnau pour un banquet de réjouissances et un bal donné au dancing de l’hôtel Dupont.
Les années 1960 ou celles de l’affirmation
Les années de présidence de Gaston Miqueu, Jean Lamort et Jean de Bastard
Le 1er avril 1962, le MFC est champion Armagnac-Bigorre 6é série. Cette victoire «termine avec éclat la saison rugbystique 1961-1962». Aujourd’hui, un tel titre semblerait peu important mais en 1962, ce titre est un encouragement pour les petits clubs comme le MFC. La finale oppose les “Rouges et Blancs” à l’équipe de Marciac (Gers). L’article de presse, publié le jeudi suivant, fait état de l’ambiance engendrée par cette victoire venant raviver le moral du club. Le texte fait l’éloge du président Miqueu : «ce succès bien mérité a été obtenu grâce au dévouement de tous ses dirigeants, et surtout grâce à la dynamique impulsion de son nouveau président Miqueu qui, en peu de temps, a su redonner ce bon souffle revivifiant à un club qui ressentait les effets néfastes de défaites accumulées et quelques fois imméritées». Le délire s’exprime à la fin du match et, tour à tour, les dirigeants Gaston Miqueu, Henri Cabos et Ducuing sont portés en triomphe sans oublier le capitaine Georges Bascugnana.
Le retour est marqué par une halte à Trie-sur-Baïse. Le cortège des voitures de supporters prend ensuite la direction de Galan, en hommage à Noguès et aux frères Recurt, joueurs du club, lesquels sont originaires de ce bourg. Le retour à Castelnau est un triomphe.
Revenons quelques instants sur Georges Bascugnana. Celui-ci est, depuis peu, le capitaine- entraîneur du MFC Il a été recruté notamment par le président Miqueu qui lui vendra d’ailleurs sa maison de Sariac. Ceci fait encore dire aujourd’hui à l’intéressé qu’il habite le Magnoac grâce au rugby ! Georges Bascugnana, aujourd’hui président de l’amicale des délégués et arbitres de matchs d’Armagnac-Bigorre, est capitaine de l’équipe jusqu’en 1966 environ.
En 1963, le conseil d’administration du MFC est composé ainsi : Jean Lamort, président; Henri Lafitte, directeur du collège du Magnoac, et Jean de Bastard, vice-présidents; André Débat, secrétaire; Alain Soulé, secrétaire adjoint; Josette Dossat, trésorière; Félix Roux, trésorier adjoint; Jean Viguier et Jean Léaud, membres. D’autres dirigeants ou aides de dirigeants gravitent autour du club probablement mais les noms cités à l’instant sont les seuls à avoir été communiqués au Préfet des Hautes-Pyrénées.
Jean Lamort est donc le nouveau président du MFC Il est retraité de la fonction publique et habite Castelnau. Né à Reims le 9 mai 1907, Jean Lamort décède bien subitement à Castelnau-Magnoac le 8 mars 1970. Il ne verra donc malheureusement pas son club remporter le titre de champion de France 3e série, quelques semaines plus tard. Son épouse lui survivra de plusieurs années. Le couple habitait une maison de la rue de Recurt à Castelnau. Jean Lamort n’a pas été, dans sa jeunesse, licencié de rugby mais il aurait été boxeur.
Le baron Jean de Bastard succède à Jean Lamort en 1965. C’est à l’époque un jeune président de 33 ans. Il s’occupe aussi du Tennis Club. Il est issu d’une vieille famille de Castelnau-Magnoac bien connue. D’abord clerc de notaire, il est ensuite notaire dans une étude de Lannemezan. De nos jours, il est dirigeant du club de rugby de Tournay et il demeure à Peyraube, village voisin de ce charmant chef-lieu de canton. Durant ses saisons de présidence à Castelnau-Magnoac, Jean de Bastard habite Lourdes et rejoint le MFC le week-end. Plusieurs correspondances dactylographiées, adressées au comité Armagnac-Bigorre, laissent deviner un président soucieux de la bonne marche de son club. Le 6 octobre 1965, il écrit à la commission des arbitres pour leur suggérer de gérer différemment l’affectation des délégués et des arbitres dans les différentes rencontres de championnat. Il souhaite que le comité puisse missionner des arbitres ou des délégués pour des matchs se déroulant dans les localités les moins éloignées de leur domicile, dans la mesure du possible. Les petits clubs ne peuvent pas supporter des indemnités de déplacements trop importantes. Le 26 avril 1967, Jean de Bastard relate un fait pouvant sembler pittoresque aujourd’hui, mais qui est préjudiciable à l’époque.
Alors que le MFC doit jouer un match à Rabastens contre Eauze, des joueurs du club ne se présentent pas et ceci handicape la composition de l’équipe si bien que le MFC déclare forfait. En réalité, les joueurs absents sont tombés en panne sur la route, en venant de Lourdes. La cause n’est connue que bien plus tard. Le téléphone mobile, dont nos contemporains sont tellement friands, n’existe pas en 1967 et nos pauvres joueurs ne peuvent pas prévenir instantanément.
Jean de Bastard rencontre, durant son mandat, une sérieuse difficulté au niveau des effectifs. Une missive du 27 septembre 1966, expédiée au comité, fait état d’une lacune de joueurs en équipe réserve. Nombreux sont effectivement les membres de cette équipe à être des élèves ou des professeurs de l’Institution scolaire de Garaison. M. de Bastard, un brin peiné, rédige : «le directeur du collège vient de nous écrire que pour différents motifs: travail, règlement intérieur, discipline, parents… il avait décidé que cette saison ni les professeurs ni les élèves ne participeraient le dimanche à nos rencontres de rugby (…) nous n’avons plus les moyens de former notre équipe réserve et nous sommes obligés de la déclarer forfait général». Selon une lettre datée du 28 août 1966, le directeur de Garaison Yves Laguillony, joueur au MFC jusqu’à cette date, est sollicité par ses obligations professionnelles et sa prise de recul ne lui permet pas d’établir une collaboration trop étroite entre son école et le MFC Voici ce qu’il écrit donc à la fin des grandes vacances de 1966 : « Je ne m’oppose pas à la participation de certains de nos élèves mais, comme pour le C.A.L., je tiens à décliner toute responsabilité et à garder mon entière liberté tant à votre égard qu’à celui des familles, il suffit que vous vous mettiez directement en relation avec les parents et que ces derniers attestent par écrit de l’accord intervenu entre vous ».
Cette époque de collaboration de Garaison est restée légendaire. Trois jeunes prêtres de l’Institution jouent, en effet, dans le club : les Pères Desmarets, Laguillony, Virelaude. Le père Yves Laguillony a souvent révélé combien sa hiérarchie ecclésiale ne voyait pas d’un bon œil cette situation. Avec le temps, la clémence était plus manifeste.
Jean de Bastard démissionne le 16 octobre 1967 car il est en désaccord avec un dirigeant qui ne souhaite pas faire l’effort, à priori, d’intégrer dans l’équipe fanion davantage de jeunes seniors.
Henri Cabos, le secrétaire, succède alors à Jean de Bastard au poste de président. Cette nomination ne surprend pas grand monde car Henri Cabos, que la plupart appellent « Gégène », est omniprésent au MFC depuis des années. Gégène a été joueur avant la guerre mais aussi aux lendemains de celle-ci. Il s’est ensuite fortement impliqué dans l’équipe dirigeante. Ce rôle de président, il l’assumera jusqu’en 1985 lui permettant ainsi de voir défiler sous ses yeux de nombreuses générations, toutes différentes. Quel rapport, en effet, entre les licenciés de 1967 et ceux des années 1980 ? Que de changements aussi au niveau de l’environnement sportif avec un terrain relooké, des tribunes reconstruites, un club house ressuscité… sans parler d’une nouvelle génération de dirigeants, différente de celle des Miqueu, Lamort, Ducuing, Roux, de Bastard…
Les premières années de présidence officielle de Gégène Cabos
En homme tenace et volontaire, Henri Cabos motive ses troupes pour que le club parvienne à gravir des marches vers la célébrité. Si, durant la saison 1969-1970, le MFC arrive au sommet de la gloire avec le titre suprême que nous connaissons, c’est bien par son action et, par ricochet, par la déterminations des dirigeants et joueurs qui forment , de plus en plus, une équipe soudée. C’est à cette époque qu’arrive au club le capitaine entraîneur Jean-Claude Couribaut, à la demande du président. C’est ne nouvel homme-clef du club qui va contribuer à créer une certaine osmose au sein de l’équipe. C’est un rassembleur, un capitaine tout simplement. En 1969, il propose aux joueurs et aux dirigeants de prendre la route de l’Angleterre pour un voyage de fin de saison. Cette sortie contribue beaucoup à renforcer l’esprit d’équipe et l’amitié du groupe. La sortie est avant tout un temps de distraction. On dispute aussi des matchs amicaux face à des Britanniques. Un film d’époque existe quand à cette grand excursion. Le mot “excursion” n’est pas trop fort pour les gens du Midi, souvent réputés pour leur attitude casanière ! Cette sortie en Angleterre a fortement influencé l’excellent état d’esprit du club pour la poursuite de son aventure.
Cette année 1969 est tristement célèbre ou rageusement célèbre en raison de la défaire essuyée par le club en championnat de France 4e série. La saison, brillante, voit le MFC sortir la tête haute du championnat Armagnac-Bigorre sans pour autant que celui-ci décroche un titre. Cependant, le MFC accède en compétition nationale avec des atouts certains. Un accident de parcours, impardonnable, se produit en huitièmes de finale. Les Bigourdans affrontent, à Auterive, Fleury d’Aude. LE match se solde par un score de 6 à 6 après prolongations. Les Audois sont déclarés vainqueurs car un essai leur est validé, essai lourdement contesté par le camps adverse et, apparemment (ou pour une fois) sans mauvaise foi. Le club stoppe son parcours avec une belle envie de revanche.
L’année suivante, en 1969-1970, c’est la montée en troisième série. L’équipe présente une solidité réelle pour aller plus loin sous la direction de Jean-Claude Couribaut. À l’issue de cette saison, le MFC décroche le titre de champion Armagnac-Bigorre 3e série. Nous sommes le 15 février 1970. nos protégés rencontrent Cazaubon (Gers). Score de 0 à 0 à la mi-temps. À la reprise deux blessés sont à déplorer chez les Pyrénéens tout particulièrement Roger Duran qui reçoit à la tête un coup de crampons. Une hospitalisation s’impose à Gabarret dans les Landes car il n’y a pas de médecins de garde à Cazaubon. Le jeu contre Cazaubon est lors handicapant pour les magnoacais qui gagnent cependant par 8 à 0. Maurice Abeillé marque un essai que Cazalès transforme, Jean-Claude Couribaut en marque un second et Magnoac se retrouve donc champion Armagnac-Bigorre avec une ouverture vers le championnat de France 3e série. Une confiance totale habite l’équipe et les nombreux supporters. On raconte qu’un voyante aurait prédit la gloire au MFC pour cette année 1970 avec la même manière dont certains matchs se dérouleraient et seraient acquis.
Quand à l’équipe réserve, elle est battue en 1970 par L’Isle-Jourdain en demi-finale Armagnac-Bigorre à Auch.
C’est aussi au cours de ces années-là que le club voit fleurir une équipe structurée de juniors. L’idée surgit en fait lors de la saison 1966-1967. Gérard Morère s’en souvient parfaitement. Il nous raconte cet épisode de la vie du club avec toute sa sensibilité que nous lui connaissons.
1970 ou le deuxième grand titre: MFC Champion de France 3e série
L’heure de la revanche sonne contre Fleury d’Aude
Le 22 mars 1970 à Eauze, MFC bat Castets-des-Landes par 3 à 0. C’est à la 25e minute que le troisième ligne Bernard Saves marque un essai en faveur du Magnoac. Le match de 16e remporté, c’est à Idron que se joue la rencontre en huitièmes de finale le 5 avril. Les magnoacais affrontent alors les basques d’Hasparren et les battent par 19 à 9. Le score se décompose ainsi: quatre essais dont deux transformés ainsi qu’un drop pour le MFC tandis que la formation d’Hasparren se contente d’un essai et de deux drops. Précisons qu’à cette époque, l’essai permet d’afficher trois points au planchot. Le match en quart de finale se déroule le 19 avril 1970 à Saverdun et là encore, le MFC ressort vainqueur face aux catalans de Ponteilla. Le score de 14 à 0 est sans appel pour les Catalans : trois essais de Jean Villeneuve, de Jean-Claude Couribau, de Maurice Abeillé. Un essai est transformé par Charles Dajas. Une pénalité est aussi marquée. Cette nouvelle victoire propulse le Magnoac en demi-finale face à Fleury d’Aude et là, les choses très sérieuses commencent. Le lieu de la rencontre est fixé à Daumazan-sur-Arize, dans l’Ariège.
«La demi-finale contre Fleury-d’Aude: tout Castelnau en parle» c’est ainsi que la “Dépêche du Midi” titre sa page sportive consacrée aux enjeux de la rencontre à venir. Sur ces admirables colonnes, le lecteur peut identifier aisément trois joueurs majeurs, interviewés dans leur labeur quotidien. De fait, il s’agit de la redoutable première ligne du moment. Le pilier gauche Paul Abadie, photographié à la descente de son inséparable tracteur, déclare: «la forme est là». Le talonneur Jean Villeneuve, son ami et voisin de Puntous, affirme que «ça va marcher» et qu’«il ne faut pas s’en faire». Et puis, le troisième personnage, à savoir le pilier droit Édouard Recurt, ne mâche pas ses mots: «ils vont passer à la moulinette ces Audois!». On ne peut que comprendre de tels propos en se rappelant le match perdu, la saison précédente, face aux mêmes Audois. Ceux-ci avaient éliminé Magnoac dans la course au championnat. Un litige était au cœur de cette défaite: un essai avait été accordé à Fleury. Selon bon nombre de spectateurs, Fleury n’aurait pas marqué d’une manière effective cet essai. Par conséquent, c’est dans un état d’esprit de revanche bien compréhensible que notre équipe s’apprête à jouer cette demi-finale, un an après cette défaite…
Cela aurait été plus savoureux d’affronter Fleury-d’Aude en finale.
La demi-finale suscite un engouement exceptionnel. Le Magnoac est dans un état des plus euphoriques avec, probablement, un brin d’anxiété, tant l’enjeu est de taille. Quelques témoignages, remarqués dans la presse de l’époque, permettent d’appréhender cette ambiance.
Le président Cabos, tout en servant un client à sa station-service, avec son franc-parler, déclare à la presse: «on devrait passer, on a trop envie de venger l’année dernière; et puis on a une belle équipe et un “cinq” de devant du tonnerre». Quant au couturier et dirigeant, M. Richard, voici ce qu’il exprime : «l’essai marqué par Fleury n’y était pas, l’an dernier; ma femme l’a vu et comme cette année, nous sommes meilleurs, on ne peut pas perdre». Félix Roux, facteur et secrétaire du club, emploie des mots concis mais fermes : «optimisme de rigueur les amis»! . L’ailier Maurice Abeillé, interrogé tout en chargeant un sac de maïs avec le boucher Louis Mendousse, dévoile qu’il a cessé de fumer depuis le match en seizièmes. Quant à Mme Abeillé, une des cuisinières du club, elle ne dit mot sur la demi-finale mais: «aujourd’hui, c’était mon tour et je crois que cette marmite a fait le tour de la ville» Par marmite, entendez celle utilisée pour la restauration des joueurs les soirs d’entraînements. Des filles ou des femmes préparent les repas des joueurs lors des entraînements comme, par exemple, Martine Delhoste, coiffeuse chez Louis Bougues, aujourd’hui bien connue à Campuzan !
Le match en demi-finale, le 26 avril, est une majestueuse victoire pour le Magnoac qui estampille 24 points alors que Fleury ne parvient pas à concrétiser, à marquer de points. Le capitaine entraîneur Jean-Claude Cauribot, Gérard Codinat et Maurice Abeillé marquent chacun un essai, respectivement à la 45e, 70e et 75e minute d’où neuf points. Alain Forestier marque deux drops d’où six points supplémentaires. Charles Dajas transforme les trois essais d’où encore six points. Et pour faire bonne mesure, ce dernier marque aussi une pénalité d’où trois autres points. En conclusion, nous obtenons bien les célèbres 24 points et surtout le passeport pour la finale. Cette belle victoire fait nettement oublier la défaite en 1969 du MFC face à Fleury. «Rira bien qui rira le dernier» !
La finale se prépare activement. Les quincailliers du village, M et Mme Jean Léaud, déclarent pour la Dépêche: «nous passons la journée à faire des banderoles!». Des guirlandes sont placées un peu partout au centre du bourg. Laurent Labat confie quelques jours avant la finale: il y a cinquante deux ans que je m’intéresse au rugby… et j’ai 77 ans mercredi prochain; oui, je jouais pilier: regardez le “chou-fleur” de mon oreille droite!». La fanfare communale prépare aussi cette finale en répétant des partitions sous la baguette de M. Liaut qui, pour la circonstance, reprend du service.
Une inoubliable sortie dominicale à Caussade
La finale, en championnat de France 3e série, se déroule dans le Tarn et Garonne à Caussade. Brive Olympique, l’équipe antagoniste, a bien noté la date sur son agenda et se présente donc au rendez-vous pour rencontrer les magnoacais. Certains jours, il vaudrait mieux rester couché. Pour les corréziens, cela aurait été plus profitable car, encore une fois, Magnoac va affirmer sa nette suprématie. C’est un pack magnoacais plus athlétique que celui de l’adversaire qui se déploie sans réserve. A noter aussi les excellentes performances des lignes arrières en fin de match. A la mi-temps, le score est de 3 à 0 en faveur du MFC, suite à une pénalité marquée par Charles Dajas. Après la reprise, Macias marque un essai et une vingtaine de minutes plus tard, Maurice Abeillé en offre un second à l’équipe.
Charles Dajas s’empresse de le transformer. Brive ne peut rien modifier au planchot et c’est sur un résultat de 11 à 0 pour Magnoac que la finale s’achève. À noter que Jean Villeneuve joue le match avec une côte cassée !
C’est bien réel : quarante cinq ans après le premier titre national, Magnoac devient champion de France 3e série ce 10 mai 1970 à Caussade. Ce 10 mai restera une grande date pour toute l’équipe et tout le Magnoac sportif. A plusieurs reprises, les anciens de 1970 se retrouveront ensemble pour vivre des temps d’amitié. En janvier 2000, les vétérans de 70 se rendront même en Guadeloupe chez Jean-Claude Couribaut et son épouse. Encore de nos jours, ces vétérans ont le cœur qui vibre à l’évocation de cette date. A chacun son 10 mai !
Dans les tribunes de Caussade, plusieurs vétérans, champions de France en 1925, encore vivants, sont présents notamment messieurs Menvielle, Ozon, Delpech, Thaule, Aspect, Belon. Pour l’anecdote, vers la fin du match et sentant que la victoire suprême a sonné, le président appelle sa fille sous les banderoles. Ceux qui sont restés à la maison attendent, avec une certaine angoisse, les résultats. Dès 16h30, ils collent leurs oreilles au poste de radio. C’est M. le curé de Castelnau qui entend le premier la bonne nouvelle. Sans attendre, il court sonner les cloches. A Caussade, la fin du match est des plus heureuses pour les supporters et les joueurs. Cette victoire logique vient récompenser les efforts d’une brillante équipe. Les pancartes envahissent alors le stade dans une ambiance qu’il faut vivre pour décrire. Préparées la veille ou peut-être quelques jours auparavant, ces banderoles louent une équipe des plus valeureuses et expriment l’indescriptible joie des supporters. Le MFC a atteint de très hauts sommets de gloire. Il faudra attendre 1995 pour décrocher à nouveau un troisième titre national, cette fois-ci dans l’échelon honneur.
Le retour en Magnoac est triomphal. Concert de klaxons, musiques, ruée humaine dans les rues du bourg: les quinze héros sont accueillis dans la liesse. Le maire et conseiller général Robert Sabathier s’empresse de faire signer tous les joueurs vainqueurs ainsi que le président sur le registre des délibérations municipales. Commence alors à Castelnau une de ses nuits les plus belles !
Pour mémoire, rappelons la liste des principaux dirigeants de 1970 :
Henri Cabos, Louis Abeillé, François Baqué, Maurice Duboscc, Félix Roux, Guy Carrère, François Lier, Louis MEndousse, Hector Zanatta, Rochard Loesch, Jean Ibos, Paul Cottabaren, Paul Cabos, Marcel Denjean, Louis Dutrey.