1er grand titre et l’entre-deux-guerres : 1925 – 1945
1925 ou le premier grand titre – MFC champion de France 4e série
Fort de sa victoire territoriale face à Viella, le MFC évolue en quatrième série durant la saison 1924-1925. Le 8 février 1925, Magnoac bat Éauze par 3 à 0 après prolongations. Ce math de finale se joue à Mirande. L’arbitre de la rencontre est M. Pène. Le MFC remporte donc le titre de champion Armagnac-Bigorre 4e série. Ce match fait l’objet d’une réclamation d’Éauze auprès du comité. Le grief porte sur un joueur qui serait suspendu. Le comité rejette cette doléance : “La suspension du joueur Ducassé expirait le 4 février, la mutation de ce joueur pour le Magnoac FC a été confirmée”.
L’évolution en championnat national se déroule parfaitement : au sortir de la course, après avoir gagné à Redorte (Aude), battu la Côte Basque et Rion-des-Landes à Agen en demi-finale, le MFC remporte le titre national 4e série par 9 à 0. Nous sommes le dimanche 26 avril 1925 au terrain sportif des Ponts-Jumeaux à Toulouse. C’est le premier grand bouclier national que le club ramène. La finale met en scène les Bigourdans et l’AS Quarantais, rude formation sportive de l’Hérault. La finale est disputée en lever de rideau d’un grand match “Carcassone-Perpignan”.
L’un des derniers probables vétérans de l’époque de 1925, Marcel Dupin, meurt en 1998. Cet homme, joueur dans l’équipe championne de France en 1925, est, sa vie durant, un grand fidèle du stade municipal. Très attentionné, il y vient régulièrement, avec Fernand Monlézun, pour peindre, faucher l’herbe, traquer les taupes… Quelques jours plus tard, un un autre ancien grand supporter et joueur, légèrement plus jeune de quelques années meurt : Alexandre Désangles, dit “Tatanne”.
Dans «la Dépêche» du vendredi 22 mai 1959, un poème écrit par M. Ducuing, dirigeant et instituteur en retraite à Castelnau-Magnoac à cette époque, fut publié en l’honneur des premiers joueurs qui conquirent le premier titre suprême. Voici la transcription de ces vers:
Un haut coteau gascon sous le soleil nouveau
Un vieux clocher pointu, des places somptueuses,
Des arbres, des jardins, toute une vie heureuse,
Un accent du terroir, voilà, c’est Castelnau!
C’est de là que jaillit, ainsi qu’un pur joyau
Une équipe au grand cœur, aux formes vigoureuses,
Quinze gars résolus aux moustaches soyeuses
Qui, partie de très bas, voulut monter très haut
Et trébuchant parfois, mais cheminant toujours
Oubliant les soucis, chassant les mauvais jours,
L’équipe de chez nous marcha vers l’espérance
Elle peina, lutta, pétrie d’un même amour
Portant haut ses couleurs comme un dais de velours
Puis, enfin! … décrocha le championnat de France !
La difficile succession du fondateur
Le décès du président Mousset : un tournant dans l’Histoire du club
L’euphorie suscitée par le titre de 1925 s’estompe bien vite. La même année, un événement brutal, le décès soudain du président Mousset, endeuille profondément le club. Les obsèques, grandioses, se déroulent à Castelnau-Magnoac le vendredi 30 octobre 1925. La foule se masse au pied de la collégiale. Parmi les nombreuses personnalités politiques ou civiles qui effectuent le déplacement, le «Républicain des Hautes-Pyrénées» note la participation de «M. Lanusse, maire d’Andrest, président du comité Armagnac-Bigorre dont Paul Mousset était le vice-président, M. Jules Soulé, président du Stadoceste» La famille et les femmes seulement parviennent à prendre place dans la collégiale tant l’affluence est grande. Plusieurs allocutions sont ensuite prononcées au cimetière dont celle de Pierre Dupin, maire adjoint de Castelnau-Magnoac, celle du président du Comité Armagnac-Bigorre.
Ayant retrouvé l’oraison funèbre de l’adjoint, l’espoir était grand de mettre aussi la main sur celle prononcée par M. Lanusse. Aucune transcription, à ce jour, n’a été retrouvée. Nous aurions probablement eu d’intéressantes annotations sur les origines et la fondation du MFC Sur ce sujet, l’adjoint n’en dit mot dans son discours. Ce n’était d’ailleurs pas son rôle que de télescoper les propos du représentant du comité.
Léon Lartet, déjà conseiller général du canton, est élu maire de Castelnau-Magnoac en remplacement de Paul Mousset. Interrogé sur l’ère du président Mousset, René Despaux a bien voulu nous livrer le commentaire suivant : «Castelnau perdait l’un de ses meilleurs serviteurs et le Magnoac Football Club son créateur, son bienfaiteur qui eut l’honneur et la joie de voir sa jeunesse sportive atteindre dans sa catégorie le sommet de la gloire quelques semaines avant de la quitter à jamais».
Les années de l’entre-deux-guerres
La vie après la mort du fondateur
René Despaux décrit la situation du club avec la disparition de Paul Mousset; “Le Club poursuivit sa saison en hommage à l’homme public, au président très regretté, mais ébranlé jusque dans ses bases, il perdit de ses moyens, de son ambiance, de son effectif car les jeunes instituteurs n’étaient plus contactés.
Heureusement il resta quelques gersois et aussi les jeunes magnoacais à la “sanquette bouillante”, des solides comme Monties, Lamora, Duffo et Monfort de Larroque, Maury, Ferré, Aubian, Bastiment, Labat pour rejoindre Niolet, Méné, Dupin, Dutrey, Victorin, Passama, Ozon, Thilha, Rozès, les jeunes Roch, Renaud, Abeillé…
Pour assurer la coordination du Club, il faut bien un leader. François Barrère est désigné président Il est donc le second dans la liste chronologique des présidents.
De 1925 à 1929, le club poursuit sa course. Plusieurs victoires consécutives laissent deviner l’existence de bons éléments au sein de ce club. La mémoire collective a retenu principalement le titre Armagnac-Bigorre de 1930, mais en réalité, cette époque en voit fleurir d’autres, les uns aussi encourageants que les autres. La composition des poules ou bien des rencontres impliquent des matchs face à des équipes aux noms prestigieux. Une carte du club de 1929, conservé par une famille de Castelnau-Magnoac, le prouve. Le Stade Toulousain, Stade Saint-Gaudinois, Cercle Amical Lannemezanais, les Montagnards de Campan, Lombez-Samatan, Union Sportive Mirandaise…
René Despaux se rappelle d’avoir vécu très jeune, un match impliquant le Stade Toulousain. “Parmi mes souvenirs d’enfance, j’ai celui de la venu du grand Stade Toulousain sur terrain de Castelnau contre une formation dont le nom m’échappe, j’ai le souvenir d’avoir admiré Clément Dulaurans dans ses sprints, la force de Jean Morère fonçant et sautant en puissance et marquant un essai avec trois ou quatre adversaires à ses basques, peut-être du jamais vu avant à Castelnau”.
Ce match était au profit du Magnoac FC et René Despaux de poursuivre : “Je n’ai jamais oublié”.
En 1929, le MFC remporte un titre : me 3 février, il est champion Armagnac-Bigorre 3e série en battant L’Isle Jourdain par 4 à 0. Puis en 1930, c’est le fameux titre Armagnac-Bigorre 2e série : le 19 janvier le MFC bat l’AS Nogaro par 7 à 3. Le match est homologué par le comité dans sa séance du 23 janvier suivant. Le MFC joue le 30 mars 1930 la match de barrage pour gravir l’échelon supérieur à Lannemezan face au Stade Bagnérais. En première mi-temps Castelnau domine par ses avants et botte un drop après 10 minutes de jeu. La seconde période tourne à l’avantage de Bagnères qui, déjà fort d’avoir marqué un premier essai, en inscrit trois autres et remporte alors le match.
Les années trente ou la baisse de régime
La victoire de 1930 reste l’une des des dernières d’avant-guerre. Le club poursuit sa marche dans les années trente sans réellement s’illustrer. Le MFC ne disputa pas de championnats durant la guerre mais l’activité sportive n’est pas pour autant inexistante. C’est en 1935 qu’un jeune et nouveau maire est élu à Castelnau-Magnoac : René Niolet, né en 1905. Sportif de haut-niveau, champion de France en 1925, très bon élément de l’équipe locale, René Niolet a joué aussi à Auch. Il a signé dans ce club en qualité de trois-quarts centre et ce, en 1931, soit un an après sa participation à la finale Armagnac-Bigorre de 2e série. Il intègre un club, où déjà, un ancien coéquipier du Magnoac, Passama, est bien connu. Ce dernier serait apparemment venu jouer en Magnoac en 1930 comme semble pourtant l’indiquer la légende du cliché sur lequel figure l’équipe victorieuse de cette année-là ? quand à René Niolet, il est toujours licencié à Auch en décembre 1933. Il joue aussi au Maroc une saison.
Si nous avons grande peine à reconstituer une liste exacte des présidents du MFC pour cette période d’avant-guerre, nous savons qu’en 1936, René Niolet est président du club, a priori le troisième. Il dépose effectivement les statuts du club en préfecture cette année-là. En réalité, la constitution juridique de l’association le “MFC” ne date que de cette époque là. Au dernier novembre 1936, lu bureau du MFC compte de nombreux notables ; René Niolet, président, par ailleurs marchand de meubles; l’hôtelier Louis Dupont, l’avocat Jean Mousset, l’ingénieur Jean Coussié, le notaire Martial Ducaud, le boulanger Léopold Méné, le dentiste Georges Denériza, vice-présidents; Rocher Roch, secrétaire général; François Barrère et Laurent Mougnard secrétaires adjoints; Jean Bougues, trésorier; Jean Lacoste et Joseph Baqué, adjoints au trésorier.
Aux environs de 1936, une pseudo école de rugby existe, baptisée avec dérision “Biberon Club Magnoacais” et comporte des éléments tels Adrien Dupin qui entraîne, Henri Bielsa, André et René Despaux, Léon Mousset, André Bacon, René Sabathier, Georges Taran, Marcel Gabas, Jean Beau, Paul et Henri Cabos, Rio Roumagnac et Rémi Dutrey. Le jeudi, jour de congés scolaire, les adolescents se donnent rendez-vous au quartier Carolle, au “petit pré Mousset”, aujourd’hui occupé par l’ancien collège du Magnoac. Ces garçons tentent d’imiter les grands qui jouent à “l’étage au dessus” sur le grand pré.
Après la déclaration de guerre, le rugby perd de son éclat et le football reprend le dessus. DEs populations nouvelles arrivent dans la région en 1940: des réfugiés belges, des militaires du 503e régiment de chars replié à Castelnau et aussi du 510e régiment de chars plutôt recroquevillé à Chélan. Les sportifs de ces nouveaux groupes viennent pour jouer au football et naturellement, bon nombre de jeunes et d’adolescents ne ratent pas des occasions pour goûter aux nouveaux plaisirs que procure le ballon rond.
René Despaux se rappelle : “des joueurs chevronnés, des dirigeants, devinrent formateurs et entraîneurs bénévoles, prirent les jeunes en main avec Félix Kindts d’origine belge, artisan charpentier à Castelnau qui devint un excellent président et à 18 ans, je devins secrétaire et trésorier avec André Bacon, pour adjoint (…), le club eut la chance d’inscrire dans son effectif de joueurs, le demi-centre de l’époque du RC Roubaix, un superman pour nous sur le terrain, son nom m’a échappé, il revient par éclipses”.
Certains magnoacais ne se résignent pas face à cette nouvelle donne et décident de jouer au rugby à Trie-sur-Baïse. Le rugby n’est pour autant pas totalement absent de Castelnau. Certains continuent d’y jouer en amical. Une photo et les souvenirs de Georges Trey l’attestent. Ce denier ou bien encore des villageois comme André Souberville peuvent en témoigner car ils jouent à cette époque. On se change aux ateliers de chez Niolet puis on descend au terrain nouvellement aménagé. On se lave à une pompe situé à l’angle de la rue de Recurt voire même dans les fossés.