Naissance du Football Rugby dans le Magnoac : 1908-1925
Une aventure politique qui débouche sur du rugby
Le rugby apparaît dans le Magnoac à une époque où de nombreux autres clubs se créent et s’intéressent à ce sport en plein essor dans le Sud-Ouest. Entre phase d’essors, de gloires mais aussi de vulnérabilités, le rugby se trouve sa place dans l’identité cantonale entre 1908 et la seconde guerre mondiale.
Le contexte de l’époque: un jeu en plein développement
Après les exploits pionniers de Web Ellis, le rugby traverse la Manche et fait son apparition en France dans les années 1870. Le «Havre Athlétic Club» est le premier groupement à le pratiquer dans notre pays. Plusieurs autres villes vont alors s’intéresser à ce sport, d’abord à Paris puis dans le Sud-Ouest comme par exemple à Auch, dès 1897, à l’instigation de jeunes étudiants de l’école normale qui prendront en otage, pour ce nouveau jeu insolite, la place de la prestigieuse cathédrale Sainte Marie et ce, sous le regard protecteur des deux majestueuses tours de l’édifice et avec la bénédiction de d’Artagnan, symbole de la Gascogne ! Ces étudiants, accrocs de comptes rendus de matches publiés dans les journaux, rêvent de jouer au ballon ovale.
Tarbes aussi va se mettre au diapason dès la fin des années 1890 mais sans structure officielle, plus exactement en 1895. Et cette situation expérimentale se retrouve à l‘époque dans beaucoup d’autres localités. Celles-ci pratiquent un rugby des champs voire des places comme à Auch! Ce n’est qu’en 1901 que le Stadoceste Tarbais est officiellement créé et reconnu avec une équipe de rugby officielle. Lourdes institutionnalise son club en 1911 mais l’aventure rugbystique a déjà démarré dans la cité mariale en 1905, au moins. L’exemple lourdais, mais aussi celui de tant d’autres clubs, nous apprennent beaucoup sur les débuts balbutiants des équipes de rugby. Et le MFC ne va pas déroger à cette situation. La loi de 1901 régissant les associations va fortement contribuer au développement de nouveaux groupements sportifs et ce, d’une manière plus officielle.
La création du comité Armagnac-Bigorre
En 1900, contrairement à Tarbes et Vic-en-Bigorre, il n’y avait point de rugby en Magnoac. A la veille de la Première Guerre Mondiale, le rugby était déjà une distraction bien suivie. Plusieurs preuves viennent étayer notre affirmation. Il existe tout d’abord les plus anciennes photographies exposées, telle une mosaïque, au sein du foyer du MFC Cette initiative d’exposition avait été mise en œuvre par le président Maurice Verdier et le trésorier Siegfried de Molina. Mais, il existe surtout l’acte de fondation du comité Armagnac Bigorre du 29 mai 1912.
Ce comité est né d’un démêlé opposant le Stade Toulousain au Stadoceste Tarbais. Toulouse se qualifiait régulièrement aux dépens d’Auch et de Tarbes. Mais voilà qu’en 1910 puis encore en 1911, la tendance s’inverse en faveur de Tarbes. Le comité des Pyrénées, agacé par cette situation, inflige alors de dures sanctions au Stadoceste. Motif avancé par le comité et également par les dirigeants toulousains : la mauvaise ambiance entretenue par le Stadoceste lors de compétitions opposant les équipes II et IV des deux villes. La mémoire collective garde le souvenir d’un match très agité entre les clubs des deux cités sur le terrain de “Sarrouilles”. L’arbitre a été contraint de quitter les lieux sous la protection des gendarmes à cheval. Les dirigeants tarbais, soutenus par plusieurs personnalités de la pauvre cité bafouée, envisagent de quitter le comité des Pyrénées. Ils prennent alors contact avec des clubs voisins et ces tractations s’avèrent fructueuses. C’est ainsi qu’ils parviennent à mettre sur pied un nouveau comité regroupant les clubs de l’époque du Gers et des Hautes-Pyrénées. Et ce comité est naturellement baptisé «comité Armagnac-Bigorre». Parmi les structures qui le composent: le Magnoac Football Club. Monsieur Mousset de Castelnau est désigné, la même année, vice-président du comité. Il représente le MFC Le premier président du comité est Maurice Trélut, homme célèbre qui a donné son nom au stade principal de Tarbes.
1908: la première année ?
En quelle année donc a débuté l’aventure du rugby dans le Magnoac? La question est en fait une colle! Et voilà pourquoi papy a bien du mal à donner une réponse exacte! On a tout entendu. 1906 disent certains, 1908 disent d’autres! Et, en plus, aucune archive ne semble exister ni à Castelnau ni à Tarbes au comité Armagnac Bigorre ! «Papy, faîtes un effort!». Nous savons cependant qu’en 1912, lors de la création du comité territorial Armagnac-Bigorre, le MFC existe.
Voulant en avoir le cœur net, le vice-président et trésorier Pierre Vidou, magnoacais de naissance mais résident toulousain, s’est rendu en février 2006 au comité des Pyrénées à Toulouse. Il a fouiné dans les archives de ce dernier. Avant 1912, il convient de rappeler, histoire de se rafraîchir la mémoire, que le comité des Pyrénées, dénommé à l’époque «Ligue des Pyrénées» pouvait se prévaloir de sa compétence territoriale en Bigorre et en Armagnac. Sans nous faire “attendre”, le verdict est alors tombé, net comme un couperet. Me téléphonant immédiatement ce 9 février 2006 aux environs de midi depuis la salle de recherche du comité, Pierre m’a laissé un message (je n’ai pas été assez rapide pour décrocher à temps). Voici une partie de sa déclaration enregistrée : «tu as tort de ne pas me répondre instantanément (…), je viens juste de trouver (…), création du Magnoac Football Club, maillot blanc (…), M. Raoul Long, secrétaire du MFC à Castelnau-Magnoac, Hautes Pyrénées, publié dans le Bulletin Officiel de l’Union des Sociétés Françaises des Sports Athlétiques du 7 avril 1911». Le rappelant alors instantanément: «Attends Pierre, quelle surprise! Mais alors, il faut patienter jusqu’en 2011 pour fêter le centenaire?» On pensait tellement que c’était juste un peu avant. Tout de même, ce Monsieur Long, mon lointain prédécesseur, aurait pu déclarer son club en 1906 ou 1908, il nous aurait bien faciliter les choses!
Le MFC fait l’objet d’une déclaration en préfecture des Hautes-Pyrénées le 21 novembre 1936, seulement! Avec les premiers congés payés, les responsables ont peut-être eu davantage de temps pour s’affairer aux extras administratifs. Aujourd’hui, le poids de la paperasse et celui des démarches officielles est de plus en plus croissant et, avouons-le, lourd pour des bénévoles. Je crois pouvoir dire qu’avant tout, le MFC avait pour priorité la pratique sportive et non pas l’envie de gérer une entreprise, de manager une structure comme cela s’impose de plus en plus dans nos associations en raison de l’évolution des réglementations et des législations. On s’amusait avant tout ! Le Journal Officiel mentionne l’objet déclaré du club: «pratique du football et de tous les sports». Relevons encore en 1936 la dénomination de «football». Les statuts mentionnent effectivement la pratique de sports très différents mais surtout la date de création du club: 1908. Officiellement, le club existe depuis 1908, d’après les Statuts. Une photographie d’équipe, exposée au club house, est datée de 1908. C’est la plus ancienne qui soit, en notre connaissance. Toutefois, cette date annotée n’est pas une preuve car la photographie en question a été reproduite à partir d’un original. Quelqu’un de tatillon pourrait très bien remettre en doute légitimement cette date car rajoutée après coup. Elle n’est donc pas une preuve mais un indice.
L’année 1908 trouve cependant une explication raisonnée. Le MFC existe grâce à la volonté d’un homme: Paul Émile Mousset, né à Puntous le 17 octobre 1869. Ceci est incontestable. La famille Mousset, de nos jours toujours domiciliée à Castelnau, est très connue. Paul Mousset est un personnage dynamique et dynamisant, une personnalité magnoacaise dotée d’un réseau relationnel important. La grande préoccupation de Paul Mousset : la jeunesse. Conscient du fait que les jeunes doivent pouvoir se retrouver autour d’activités fortes, il propose un jeu : celui du rugby ou plutôt du football rugby, pratique sportive dans un contexte de plein essor dans le Sud-Ouest au début du XXe siècle. Paul Mousset s’entoure alors de quelques hommes dont Raoul Long, le chapelier de Castelnau qui devient secrétaire du nouveau club.
Pourquoi alors cette date de 1908?
Tout simplement en raison du fait que Paul Mousset est élu maire cette année-là à l’occasion du scrutin municipal. Il accède aux destinées de la commune et succède à Gustave Baudens. Cet avènement au pouvoir est le fruit d’une «haute lutte» comme le mentionnera lors de son décès “Le Républicain des Hautes-Pyrénées “, l’ancêtre de l’actuelle “Nouvelle République” et ce, dans son édition du 29 octobre 1925. Ce nouveau maire sera élu conseiller général du Magnoac de 1913 à 1919 mais, à l’issue de ce mandat, il ne se représente pas.
L’arrivée de Paul Mousset au pouvoir municipal et cantonal marque un tournant nouveau, tout spécialement dans l’Histoire de la commune de Castelnau. Elle provoque, pour ce qui nous concerne, la naissance du «Magnoac Football Club».
Joseph Lanusse, président du Comité Armagnac-Bigorre des années 1920 à 1966, a laissé les notes suivantes : “Lourdes voir surgir le Football Club avec les Dalavat, Méo, Castay… les cantons à leur tour suivent à vive cadence: Castelnau-Magnoac, Lannemezan, Arreau, Maubourguet, Mirande, Plaisance… Toute une floraison de sociétés qui rivalisent ardemment”. Tous ce clubs se créent entre 1905 et 1911.
Une dernière question peut se poser : Paul Mousset propose la création d’un jeu d’une équipe de rugby mais pourquoi ce sport ?
Outre le fait que ce jeu est en vogue dans le sud de la France à son époque, il est intéressant de relever le fait que Paul Mousset est un ancien élève de Concorcet de Paris. Or, dans les années 1880 -1885, cet établissement scolaire est à l’origine du Racing-club de France. Le stade Français, quand a lui, doit son existence au lycée Buffon de Paris. D’une manière ou d’une autre, Paul Mousset a donc été en contact avec ce sport lor sde sa scolarité. En 1885, il avait l’age d’être un lycéen… Tout s’éclaire alors !
Le MFC existe avant la première guerre mondiale. Cela est incontestable. Pierre Roger, supporter du club de nos jours et ancien joueur, possède un cliché sur lequel figurent les deux grands-pères de son épouse: Urbain Ozon et Edmond Aubian.
Cette photographie a été datée de 1909-1910. Or, Edmond Aubian fut blessé à la guerre au niveau d’un bras. Sur le cliché en question, il apparaît clairement doté de ces deux bras, sans prothèse. Ceci prouve bien, encore une fois, qu’une équipe fonctionne avant la guerre. Edmond Aubian sera d’ailleurs dirigeant dans les années 1920. Nous le retrouvons de nouveau sur la célèbre photographie de l’équipe championne de France en 1925. Rebondissement: au dos de cette photographie reproduite à partir de l’original, le mention «1909-1910» a été rajoutée. Et ce même cliché est exposé au club-house mais, en ce lieu, il est daté de 1908. C’est la fameuse photographie évoquée précédemment, sûrement la plus ancienne.
Parmi les hauts faits qui imprègnent les début du MFC, il est un qui mérite d’être mis en avant. Le dimanche 14 janvier 1912, la canton assiste à un spectacle euphorique avant le match du jour. : un “avion” se pose pour la première fois à Castelnau-Magnoac tandis que les premiers essais en région tarbaise viennent à peine de se dérouler l’année précédente. Parmi ces héros ; l’aviateur Deneau. Cet intrépide ne cesse de faire déplacer les foules à chacune des ses tentatives de vol. Le journal “Les Pyrénées” rapporte bien précisément la chronologie de ces événements survenus en Magnoac. Le 31 décembre 1911, le quotidien annonce l’intention de Deneau de se poser à Castelnau-Magnoac et ce, le 7 janvier 1912. Pour des raisons climatiques, la manœuvre est repoussée d’une semaine. Au bon jour “J”, l’aviateur décolle de Tarbes et emprunte la direction du Magnoac. D’après le tracé indiqué quelques jours auparavant, il survole Sentous, Campuzan, Hachan, Barthe et Castelnau pour atterrir enfin sur le pré de Paul Mousset après avoir survolé Sariac. Or, on ne l’attends pas de si bonne heure à Castelnau : “il était à peine 9h20 que la libellule apparut à l’ouest, à une très grande hauteur, brillant sous les rayons du soleil, elle s’approche, grossit à vue d’œil, elle est là, on perçoit le ronflement de son moteur puissant; un cri d’admiration s’élève, et a dû parvenir à l’homme qui, le premier, va conduire un aéroplane dans notre pays”. Le journaliste continue de décrire l’euphorie: “on entoure l’aviateur raidi par le froid, on l’acclame, tous veulent lui serrer les mains, c’est un moment d’enthousiasme impossible à décrire (…), on voit du monde de partout, jusque sur les toits et les arbres”. ET, après cette démonstration d’envergure, le public assiste au match de rugby mettant en présence l’équipe de Castelnau-Magnoac à celle d’Arreau, club aujourd’hui relayé au rang des oubliettes.
Les premières saisons sont brillantes. Dès 1912, le MFC est classé en 2e série. Il est champion territorial dans cette série de 1914 et dispute la demi-finale du championnat de France face à Oloron. Magnoac est battu. La guerre mobilise les jeunes avec son cortège d’horreurs, de pertes humaines et de «gueules cassées».
Une brève est publiée dans un journal départemental, durant la Grande-Guerre, nous informe que toute l’équipe est mobilisée y compris son capitaine, le sergent Barège. Celui-ci est instituteur adjoint à l’école des garçons. En 1916 cependant, une équipe est photographiée. L’année 1916 est notée sur le cliché et nous pouvons aussi remarquer le cachet du club de l’époque. Peu de joueurs ont pu être identifiés : seulement sept. Ces joueurs semblent relativement jeunes et ne sont peut-être pas en âge d’être mobilisés pour la Grande-Guerre. Il s’agit peut-être d’une catégorie de licenciés que appellerions aujourd’hui “juniors”.
Paul Mousset est un homme intelligent qui sait comment consolider son équipe de rugby naissante. René Despaux nous explique la stratégie de cet homme, sûrement visionnaire. «Dirigeant dynamique et futé, Monsieur Paul Mousset avait ses entrées dans bien des comités, administrations et autres. C’est ainsi qu’il eut l’idée géniale d’aller “piocher” du côté de l’école normale des instituteurs à Auch. Il contactait les candidats reçus, les faisait affecter dans les écoles du Magnoac ou les aidait dans leurs choix. Formés également au rugby durant leur scolarité, ils transmettaient leur savoir sportif aux copains du club. Quelques noms nous restent en mémoire: Ozon, Taule, Belon, Sol Dourdain, Latapie, Victorin qui avait de la parenté à Castelnau et autres, venant de la vallée d’Aure ou de cantons voisins. Avec les magnoacais Niolet, Méné, Bougues de Devèze, Delpech de Sariac, Maury, Bordes de Galan, les voisins gersois Daroles, Labadens de Masseube, Dubosc de Panassac, Menvielle de Ste Aurence, aussi et surtout avec Jean Morère et Clément Dulaurens, joueurs clefs du MFC, athlètes surdoués pour le rugby dont la classe éclata dès leur mutation su Stade Toulousain appelé plus tard la “Vierge Rouge” pour son fabuleux palmarès».
Il faut attendre 1924 pour voir fleurir une grande et mémorable victoire, retenue par l’Histoire : le 27 janvier de cette année-là, le MFC bat, en finale Armagnac-Bigorre 5e série, le SC Viellanais par 28 à 0. À cette époque le 5e série est une division de championnat à part entière. Place ensuite au championnat de France où le club grimpe progressivement jusqu’à la demi-finale nationale de 5e série. Il échoue mais le parcours n’en demeure pas moins méritant.
La couleur du club, à l’origine était le blanc. La déclaration de Raoul Long en témoigne. Le rouge ne vient se rajouter sur les maillots que quelques années plus tard. Le rouge et le blanc sont les couleurs du club en 1927 (sources FFR).
Quand le Magnoac comptait deux clubs
De la rivalité à la fusion
Et oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, le canton du Magnoac a vu évoluer des équipes différentes dans deux de ses villages: à Castelnau, bien sûr, mais aussi à Monléon-Magnoac, à moins de dix kilomètres. Lorsque l’on connaît autant soit peu l’Histoire locale, on ne peut que comprendre, en définitive, cette situation. Selon la tradition, Monléon aurait été la principale communauté du Magnoac durant le “Haut Moyen-âge”, Castelnau n’ayant acquis la primauté sur Monléon qu’au XIIIe siècle avec la migration, de Monléon vers Castelnau, du seigneur Sanche lequel était désireux d’y construire un nouveau château et d’y fixer sa résidence. Lors de la Révolution, l’actuel canton du Magnoac sera même le théâtre d’un débat visant à y créer deux cantons: l’un avec Castelnau comme chef-lieu, l’autre avec Monléon. Cette tentative verra le jour mais que très brièvement. Alors, finalement, le fait qu’il y ait eu deux clubs en Magnoac ne peut plus choquer qui que ce soit. Monléon méritait bien qu’une pratique du rugby s’immisce dans ses enceintes. Mais là encore, l’expérience ne dura pas longtemps.
Malheureusement, aucun document officiel ne semble exister sur ce club de rugby qui aurait déployé ses lettres de noblesse à Monléon-Magnoac. Cependant, quelques témoignages sérieux et émouvants permettent de ne plus abuser d’un ton au conditionnel mais d’affirmer qu’effectivement, un club a bel et bien fonctionné dans cette charmante bourgade de Monléon-Magnoac. Mme Jeanne Noilhan, née Lartigue, du village, aujourd’hui âgée de 94 ans, se rappelle avoir assisté, petite fille, à des matches alors que ses parents la croyaient aux vêpres dominicales! Le terrain de jeu était un champ consenti par la famille d’Espouey de Monléon-Magnoac, champ situé en bordure de la route menant du bourg au hameau de Garaison. Plus exactement, cette aire de jeu se situait devant l’actuelle maison de Gérard Barthe, à présent maire de la commune. Propriété des héritiers d’Espouey, ce champ est aujourd’hui cultivé par la famille Duprat dont l’un des membres, Roger, est une figure dirigeante du MFC Il comportait jusque vers la fin des années 1970, un légendaire gros chêne. Les joueurs se lavaient dans le tout proche cours d’eau : le “Ciers”. La couleur rouge caractérisait le club baptisé “Union Sportive Monléonnaise”. Raumond d’Espouy est mentionné comme correspondant dans les annuaires de la FFR.
Plusieurs noms de joueurs ont marqué cet épisode de la vie locale. Voici les quelques patronymes retrouvés: MM Henri Castets, Charles et Éloi Laguens, le marchand de vin Pierre Arnaudy (le fils de Aristide Arnaudy, maire de Monléon de 1925 à 1940), MM. Lacoste de Saint-Elix-Theux, François Dutrey, Gabriel Sabathier, Roch, Lucien Dutrey (grand-père de Denis Pujos), Armand Ariès, Alexandre Dastugue de Villemur mais encore les frères Tajan à savoir Jean dit Lubin et Dominique, supporter du MFC dans les années glorieuses de 1970. Dominique est le grand-père de Claude Tajan, ancien joueur du MFC et arbitre reconnu que nous aurons l’occasion de retrouver plus loin dans notre récit. Ce groupe de locaux était aussi complété par des joueurs de Simorre dans le Gers, de Burg dans le canton de Tournay… A l’époque, on s’accommodait évidemment avec les moyens du bord: avec des crampons de fortune qui étaient fabriqués “maison” à partir de bandelettes de cuir croisées et clouées sur les chaussures, avec également des vestiaires imaginaires sous un chêne…
Le club de Rugby de Mauléon semble avoir évolué seulement en 5e série. Le journal “Le Semeur” du 27 octobre 1925 annonce que le championnat territorial des clubs en 2e, 3e, 4e 5e série vient à peine de commencer. Rabastens, Castelnau-Magnoac, Trie sur Baïse, Riscle, Mauvezin, Vic-Fezensac jouent en 3e série. Quand à la poule de 5e série, elle concerne les clubs suivants : Cauterets, Orleix, l’Avenir Club Lourdais, La Barthe de Neste, Saint-Laurent, Monléon-Magnaoc, Arreau, Cazaubon, Castelnau-d’Auzan, Saint-Clar, Montestruc, Seissan, Lombez. Le 15 novembre 1925, Monléon bat Saint-Laurent-de-Neste 3 à 0.
En 1927, on trouve encore mention d’un club de rugby à Monléon. Il semble que part la suite, un tel club abandonne sa section rugby. Les joueurs de Monléon jouent désormais à Castelnau après des années de luttes fratricides. Pendant la seconde guerre mondiale, sous l’impulsion du grand pyrénéiste Raymond d’Espouy (1892-1955) de Monléon, des matches de football ou de rugby sont organisés avec des vétérans de l’époque rugbystique et des plus jeunes en faveurs des prisonniers de guerre. Sur une des photographies, beaucoup reconnaîtront le grand-père de Claude Tajan mais encore Louis Abadie et bien d’autres…