Vers les hauteurs des cimes : 1970 – 1995

Le titre suprême de 1970 conduit réellement le MFC à cultiver plus que jamais ses ambitions. La longue et mythique époque du président Gégène Cabos s’ouvre maintenant devant nous. Elle se caractérise bien par un solide désir d’accession à l’étage fédéral. L’attente dure neuf ans…

Les années 1970 ou la conquête de l’échelon fédéral

Deux saisons en 2e série : 1970-1972

Les années 1970 forment une période assez homogène pour le MFC car son aventure est celle d’une course ambitieuse vers l’accession en fédérale 3. Cette décennie est centrale dans l’Histoire du club. C’est la décennie qui peut se caractériser par un passage à la vitesse supérieure. Ce passage est conforté par la brillante victoire en championnat de France. Ce titre permet d’abord au « Magnoac Football Club » d’accéder en 2e série.

Lors de la saison 1971-1972, le club se qualifie pour les phases finales et parvient même à décrocher le titre de champion Armagnac Bigorre 2e série. Ce nouvel exploit date du 20 février 1972. Marciac est battu par 12 à 6. Le capitaine de l’équipe fanion est toujours Édouard Recurt, présent au sein de cette dernière depuis 1961. C’est à Lannemezan qu’il a débuté sa carrière rugbystique. Mais son arrivée en Magnoac est marquée, en 1962, par un grave accident de la circulation. Trois années durant, il ne joue pas. En 1970 comme en 1972, il s’impose sur les terrains, une manière de prendre une certaine revanche. Après le titre régional, le club dispute le championnat de France. Edouard Recurt déclare: «c’est avec une confiance inébranlable que nous allons affronter des équipes qui nous sont totalement inconnues; l’équipe dont j’ai la responsabilité est bonne et les éléments qui la composent actuellement joueront tous les matches; si nous perdons, ce ne sera pas sans combat; notre but est d’arriver en finale et d’être une deuxième fois sacrés champions de France».

Hélas, la belle performance de 1970 en championnat de France ne se reproduit pas. Le match en trente-deuxièmes de finale de deuxième série, voit la victoire du MFC sur l’A.S.P.T.T. de Bordeaux à Villeneuve de Marsan. Score: 19 à 3. En revanche, le match en seizièmes élimine Magnoac de la course. Ce match se déroule à l’Isle-en-Dodon dans le Comminges. Auterive écrase littéralement les “rouge et blanc ” par 28 à 6. Les Pyrénéens se contentent d’un but de pénalité, imputable à Maurice Lacrampe, et d’un drop de Bernard Mengelle.

L’assemblée générale qui suit de peu ce titre régional se déroule à la mairie de Castelnau. Henri Cabos est réélu président. Dans son rapport moral, il exprime sa satisfaction quant aux résultats de la saison. L’équipe fanion a brillé par son parcours. Mais, il convient aussi de dire que la réserve s’est également illustrée en remportant le titre Armagnac-Bigorre. Le compte-rendu de la réunion plénière nous apprend que le nouvel entraîneur – capitaine est Claude Garros. La liste des dirigeants est la suivante : le docteur Le Coroller, Henri Cabos, Marcel Denjan, Louis Abeillé, Richard Loesch, Louis Mendousse, Marc Lorenzi, Hector Zanatta, Pierre Fontan, Jean Schwarz, Roland Castet, Aimé Ferrère, Maurice Dubosc, Jean-François Campistron, Pierre Cabos.

Quatre saisons en 1e série : 1972-1976

Les “rouge et blanc” montent quand même en 1ere série. Il faut patienter jusqu’en 1976 pour gravir l’échelon supérieur c’est-à-dire, l’honneur. La promotion honneur n’existe pas encore. Le MFC arrive en demi-finale de championnat de France 1ere série mais essuie une défaite en demi-finale face à Navarrenx.

Lors du championnat de France, Jean-Pierre Péguilhan, employé de coopérative, organise les longs déplacements des supporters. C’est tout particulièrement le cas en 1976 lors du périple à Annonay, localité située au sud de Lyon, à l’occasion du match MFC-Hayange. Jean-Pierre Péguilhan, supporter, se souvient : «nous sommes arrivés à Annonay vers midi car le match devait se jouer à 15h ; or, le stade n’était pas prêt et l’herbe encore moins taillée». Et d’ajouter avec le sourire : «devant tous les spectateurs, le préposé à la tondeuse est arrivé pour couper l’herbe mais au lieu de la rejeter sur la surface taillée, il la rejetait sur celle où il n’était pas encore passé ».

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PHOTO: Le déplacement à Annonay en mai 1976 (cliché: collection de Jean-Pierre Péguilhan).
1er rang, accroupis de gauche à droite: Jean Ibos, une fille d’Annonay, Gilles Rousse, une fille d’Annonay, Guy Dubosc, Patrick Recurt, Bernard Castets. 2e rang, de gauche à droite : Jeanine et André Campanini, Raymond Laqué (le chauffeur), Jean Vidou (l’habitué des grands voyages), Régine Campanini, Louis Abeilhé, Fernand Monlézun, Jean-Paul Lafforgue, Alexandre Desangles, Jean-Pierre Péguilhan, Joseph Castillo, Roger Abadie, Marcel Campanini (qui, la veille de ce déplacement, présente d’ailleurs son concours d’agent d’entretien de collège), Lucien Campardon.

En 1979, le club est de nouveau champion Armagnac-Bigorre Honneur en battant Nogaro. Il monte enfin en 3e division mais est éliminé en championnat de France par Linxe et ce, en quarts de finale. L’année suivante, c’est encore une nouvelle montée qui enthousiasme le club puisqu’il parvient à trouver sa place en 2e division. C’est la montée suprême, le niveau de classement le plus élevé depuis les origines jusqu’à nos jours.

Claude Tajan pratique d’abord le basket dans son village de Monléon. Mais le capitaine Couribaut le jugeant trop bagarreur pour ce sport, il l’invite à rejoindre le club de rugby à Castelnau. Il se charge même de le véhiculer aux entraînements puisqu’il descend depuis Lannemezan au volant de sa 204 break, précisons de couleur «bleue ciel».

Les années 1970 ne peuvent pas être évoquées sans rappeler que, lors des veilles de rencontres importantes, les joueurs sont invités, pour ne pas dire contraints, de dormir dans les dortoirs de l’Institution scolaire de Notre Dame de Garaison, à une dizaine de kilomètres de Castelnau. Une vie, un brin monacale, ne peut pas leur faire de mal, discipline oblige! Le problème réside dans le fait qu’aux dortoirs de Garaison, les joueurs ne sont pas tous obéissants ou fatigués. Le week-end, les surveillants ne sont pas présents et les batailles de polochons vont bon train. Que ceux qui ne le croient pas, en lisant ces propos, demandent à Théo, le correspondant actuel de “La Dépêche”, de leur sortir certains films amateurs de l’époque! Bernard Louge fait partie des derniers joueurs, dans les années 1983-1984, à avoir passé ces fameuses nuits d’avant matchs à Garaison. D’ailleurs, Bernard se rappelle d’une anecdote pleine de poésie qu’il est intéressant de rappeler à présent. Le MFC vient de passer une nuit à Garaison avant d’entamer un dimanche rugbystique. Au petit déjeuner, Alain Castillo s’exclame en roulant les «r» : « Qu’est-ce qu’il est tombé comme eau cette nuit ! Quelle journée que l’on va passer encore! Quelle pluie! “Quina hangua”, brrrrr!!! ». De fait, notre avisé météorologue du moment vient de passer sa nuit au creux d’un lit jouxtant la fontaine historique du sanctuaire…

L’époque federale: 1979 -1987

La première saison du club en 3e division : 1979-1980

Si l’éventuelle montée en deuxième division est saluée par tous, les supporters ont des avis partagés quant à la suite des évènements. Antonin Corrégé, par exemple, se dit «très satisfait du comportement de l’équipe en troisième division» et «estime que la montée en deuxième division serait une récompense pour les joueurs et les dirigeants» mais il garde une réserve quant à l’évolution de l’équipe à ce stade du championnat. L’ancien joueur Marcel Dupin est plus tranchant dans ses propos: «Non! Restons en troisième division; si on perd tous les matches, le public va se lasser». Pierre Lannes formule le jugement suivant: «c’est une belle aventure mais elle comporte une inconnue, ce sera certainement plus difficile». Le quincaillier de Castelnau Jean Léaud estime qu’il «faut aller jusqu’au bout, bien sûr mais qu’il faut voir les choses en face».

La grande saison en 2e division: 1980-1981

Au début de la saison 1980-1981, le conseil d’administration du club est constitué de la manière suivante : Henri Cabos à la présidence, François Baqué et Jean Vidou à la vice-présidence, Alain Maratzu à la trésorerie, Paul Cabos au secrétariat, Pierre Lannes, Henri Olivier, Louis Abeillé, Paul Cottabaren, Hector Zanatta, Pierre Fontan, Jean-Paul Lapeyre, Marcel Campanini, Jean-Pierre Margaix, Daniel Babie, André Navarre, Roland Montéan, Lucien Sabathé, Bernard Castets. Du côté des joueurs recrutés, citons notamment Michel Escala, Xavier Corbel, C Ballarin, Augé Duffor, Henri Christophe, Fargès, Claude Touzanne, Lacaze, Guy Batmalle, Degouat tandis que l’entraîneur n’est autre qu’André Lahaille, aidé par Christian Ballarin, professeur d’éducation physique. Des joueurs comme Maurice Lacrampe, qui fut l’un des artisans de la montée en troisième division, Michel Nograbat, Thierry Belzunce, Jean-Louis Renaud, Christian Dossat, Maurice Abeillé, Roland Théodolin, Jean-Pierre Cabos, Daniel Clarens, Dominique Trotta, Guy Dupeyron, Antoine Larraz sortent du club soit pour en intégrer un autre soit pour stopper leur carrière rugbystique.

L’automne 1980 est marqué par un «grand rassemblement des amis du MFC» sous la halle de Castelnau. Cette fête se déroule le samedi 22 novembre. Les actuels et anciens joueurs sont invités. Le point culminant de cette rencontre est la présence des aînés de 1925 qui sont encore vivants, de ceux qui reconstruisirent le club aux lendemains de la guerre, de ceux qui furent champions en 1970 ou qui le furent plus récemment. Plusieurs médailles sont décernées à certains joueurs. Environ 250 personnes participent à la soirée.

La saison débute en douceur. Les entraînements commencent plutôt tardivement en raison des obligations professionnelles des joueurs qui, pour la plupart, sont agriculteurs. Après le challenge dit de «l’Essor», le coup d’envoi du championnat est sifflé le 5 octobre 1980. Saint-Gaudens vient perdre en terre magnoacaise. Pourtant, la première période de jeu semble tourner à l’avantage des visiteurs qui, à la mi-temps, mènent 6 à 3. Au final, le vent tourne en faveur des locaux: grâce à un essai transformé d’Alain Castillo et une pénalité d’Armand Baron, ils gagnent cette première rencontre officielle en 2e série. Dédé Lahaille déploie tout son savoir-faire dans ce match et fait preuve d’une capacité à rassembler son équipe.

Le dimanche suivant, Magnoac est en déplacement à Mauvezin et à ce moment là, les choses se gâtent. Les gersois avec leur excellente première ligne affirment leur domination devant un Magnoac timoré. Score final : 36 à 7. Le 19 octobre, Magnoac se ressaisie et bat Tournay. A Tarascon, c’est de nouveau la défaite tout comme face à Lavelanet ou St-Lary. Une autre défaite est vécue lors de la venue de Gimont le 30 novembre 1980 tandis que le terrain est recouvert d’un blanc linceul et qu’une tempête de vent et de neige frappe la région.

Avec le match MFC – Saverdun, les locaux retrouvent une certaine sérénité. Armand Baron et Michel Luscan marquent deux pénalités d’où le score de 6 à 0. C’est à St Girons que se conclue la phase aller avec une défaite prévisible pour Magnoac, les antagonistes étant d’un niveau bien supérieur. La phase retour se dessine de la manière suivante: une défaite face à St-Gaudens, une victoire sur Mauvezin, un match nul face à Tournay qui permet d’assurer ses arrières pour la fin de saison. A la fin de ce match décisif, Gégène Cabos, heureux de constater que la saison semble sauvée, embrasse Dédé Lahaille et lui dit: «Tu as été le roi, Dédé». L’intéressé de répondre: «Je suis heureux, nous méritons le nul et même, en première mi-temps, nous aurions pu faire la différence, enfin, nous avons joué sérieux, surtout dans l’occupation du terrain; nous nous sommes battus pour Roland.» Roland, c’est le talonneur Sabathier, blessé pendant le match. Et le dimanche suivant, à Tarascon, nos locaux battent l’équipe qui les accueille. Il semble alors que toutes les espérances sont vraiment permises. Le 14 janvier 1981 et le 16 janvier, la “Nouvelle République des Pyrénées” et son correspondant Pierre Villers proposent un reportage d’ampleur sur l’équipe fanion du MFC Ce très intéressant dossier présente chaque joueur: son identité, son métier, sa place au sein de l’équipe fanion.

L’équipe fanion du MFC lors de la saison 1980-1981

D’après les informations publiées dans la «Nouvelle République» du 14 janvier et du 16 janvier 1981

Les avants

Les piliers: Henri Audibet, 30 ans, C.R.S, «il apporte sa fougue» ; Hervé Zampar, 29 ans, agriculteur, «solide en mêlées fermes»; Xavier Corbel, 21 ans, ouvrier, qualifié de «grande révélation de la saison».

Les talonneurs: Roland Sabathier, 33 ans, installateur en sanitaires, «l’homme de proue du pack»; Jean-Marc Dossat, 29 ans, employé, «excellent talonneur»; Max Castets, 22 ans, agriculteur, «d’une extrême vaillance».

Deuxièmes lignes: Jean-Michel Déro, 30 ans, C.R.S., «il réalise une magnifique saison»; Guy Batmalle, 23 ans, bûcheron et «ancien footballeur».

Troisièmes lignes: Georges Abadie, 26 ans, ouvrier, «il laisse éclater chaque dimanche sa classe “innée”»; Claude Tajan, 24 ans; agriculteur, «le merveilleux destructeur des attaques adverses»; André Navarre, 30 ans, manutentionnaire, «bon pourvoyeur de ballons».

Troisième ligne centre: André Lahaille dit «Dédé», 43 ans, agriculteur, «incomparable meneur d’hommes».

Demis et trois-quarts

Arrière: Gilles Rousse, 23 ans, employé, et dont le journal dévoile son «adresse du tonnerre et sa vision de jeu assez remarquable».

Ailiers: Armand Baron, 22 ans, agriculteur; « une vitesse exceptionnelle»; Didier Baron, 23 ans, agriculteur, «un futur grand ouvreur »; Alain Castillo, 26 ans, agriculteur, « d’une rare adresse».

Centres: Michel Luscan, 32 ans, employé, «défenseur intraitable»; Christian Ballarin, 32 ans, enseignant, «lieutenant dévoué et talentueux de Dédé» ; Guy Fourès, 32 ans, enseignant, «avec une expérience très solide de quelques saisons à Graulhet».

Ouvreur: Louis Cather, 34 ans, infirmier, «l’homme redoutable et redouté par l’adversaire».

Mêlée: Jean-Marc Louges, 21 ans, agriculteur, qui «en début de saison a été essayé au poste de demi de mêlée (…) où il a rendu de fiers services»; Jean-Michel Darignac, 20 ans, militaire, «jouant de façon admirable au pied».

Le 25 janvier 1980, sur le terrain de Lavalanet en Ariège, Magnoac s’incline par 44 à 6. Une nouvelle défaite se reproduit face à St-Lary puis face à Gimont. A l’occasion de l’avant dernier match contre Saverdun, Magnoac se ressaisie et ramène une victoire. Enfin, pour le dernier match des phases éliminatoires, le MFC remporte une ultime victoire et se maintient donc en 2e division. L’aboutissement de la saison est donc plutôt convenable eu égard à cette situation toute nouvelle pour le club. En effet, c’est la première année dans son histoire que le MFC évolue en deuxième division parmi des équipes d’un niveau élevé. Hélas, une grave sanction oblige une rétrogradation en niveau inférieur, en troisième division. Selon les règlements de la F.F.R., le fait de déclarer forfait dans le cadre du championnat des juniors en Coupe René Crabos entraîne une descente. Malheureusement, le 4 janvier et le 14 mars 1981, les juniors ne jouent pas les rencontres qui doivent les opposer à leurs homologues de St Girons. La sanction est sans appel. Le MFC retrouve par conséquent son niveau de 1979. La déception est grande pour les seniors qui, durant toute la saison, ont donné beaucoup de leur personne avec leur entraîneur Dédé Lahaille.

Les juniors ne sont pas suffisamment nombreux ce qui pose parfois des difficultés dans la composition de l’équipe. C’est pour une telle raison que le club déclare forfait à deux reprises. En revanche, les cadets font preuve de vaillance. Cette année-là, j’ai pu relever les noms d’adolescents suivants, licenciés en catégorie “cadets” : Pierre Labat, Cartier, Didier Salles, Castro, Laborie, Fourgues, Soulé, Escoubas, Minvielle, Vrillau, Jean-Luc Baqué, Collongues, Burgan, Lacaze, Fis.

Les six années consécutives en 3e division : 1981-1987

Le Yo-Yo rouge et blanc: 1987-1995

L’excellente saison 1994-1995

C’est au début de la saison 1994-1995 que René Despaux, ancien joueur reconnu et ancien président, inaugure sa célèbre chronique rugbystique dans les “Collines du Magnoac”, mensuel d’informations locales, plus précisément au sein du centième numéro. De cette date à celle d’aujourd’hui (et jusqu’à celle de demain), chaque match a été décortiqué, présenté souvent avec humour, parfois accompagné d’encouragements ou de conseils lorsque la malchance s’acharnait. Le premier article de René Despaux présente l’équipe de début de saison. «Aujourd’hui, nous présentons les joueurs de l’équipe première: Castets de Cizos (un marioum), les frères Louges de Monléon, J.Théodolin, Hugues Cabos, les frères Desbets, C. Boyer de Castelnau, Galès de Laran, Rousse de Cizos, Castex de Tajan (auto-école), Prat de Recurt, Duprat de Lassales, Souverville d’Arné, Liaut de Monléon (un petit Sambat), Moulié d’Ariès, Recurt de Monlaur, Lalanne de St-Elix, Ruffat de Bonnefont, Portal de Galan, Zanon de Cantaous et les recrues: les frères Ricaud à la demi-sanquette d’Arné, Jugniaux de St-Gaudens, Déro de Tarbes (fils de l’entraîneur, Duclos de Tarbes, Sernin de Tarbes, Abadie de Campan, Cordova de Lannemezan, Estaque de St-Lary, Abadie de Capvern, Garneiro de Mirande» Puis: «les entraîneurs sont Déro et Carruesco, deux anciens joueurs de Castelnau. Le prochain numéro vous présentera les équipes réserve et junior, qui vivent parfois quelques instants de bonheur en remplaçant les titulaires de la première.»

La saison débute en championnat honneur par une première victoire à l’extérieur, à Juillan. Autre victoire sur Tournay puis défaite dans les Baronnies. Nouvelles victoires successives face à Lectoure, Vic-Fezensac, Ibos, Trie. Évidemment, dans ces conditions, Magnoac se retrouve premier de la poule à l’issue des matches aller. Et l’on continue sur le même refrain pour la phase retour: victoire sur Juillan, Tournay, défaite face aux Baronnies à la maison, reprise et victoires face à Lectoure, Vic-Fezensac, Ibos (par 79 à 0), défaite face à Trie. Naturellement, Magnoac se retrouve qualifié haut la main pour les phases finales puis pour les demi-finales du championnat. Celles-ci opposent Mirande au MFC et les Baronnies à Plaisance du Gers. Mirande est battu par 6 à 3. Se retrouvent finalistes: Plaisance et Magnoac. Le match, comme le veut la tradition, se déroule dans une des capitales du comité, dans notre cas à Auch au stade du Moulias. L’émotion est totale. Quelques permutations de joueurs à des postes clefs sont opérées. Un bon élément de l’équipe ne joue pas car blessé: il s’agit de Laurent Desbets. Le match voit la victoire des nôtres. A 18 heures, ce 9 avril 1995, Magnoac est champion Armagnac-Bigorre Honneur. Les portes du championnat de France s’ouvrent maintenant toutes grandes. C’est une bonne équipe qui évolue donc positivement durant toute la saison et qui sait se nourrir d’une certaine confiance. C’est bien connu: les bons résultats appellent les bons résultats.

1995 ou le troisième grand titre: MFC Champion de France Honneur

Une ascension sans faute vers la finale en championnat de France Honneur

C’est une ascension sans faute qui va mener le MFC vers la victoire suprême et donc vers le titre de champion de France Honneur. En quelques mots, rappelons les évènements en amont. En trente-deuxièmes de finale, MFC bat Saint-Affrique par 48 à 12 puis, en seizièmes, bat Salies-de-Béarn par 14 à 3. En huitièmes, le 21 mai 1995, MFC bat Coursan par 15 à 13 à Larroque d’Olmes. En quarts, MFC décroche une victoire sur Dreux par 19 à 14. Nous sommes le 28 mai 1995, jour béni pour le capitaine Michel Castex qui fête ses trente ans. Le match se joue à Rouillac en Charente. Le 4 juin 1995, c’est alors la demi-finale en championnat de France où Magnoac arrache à Mauvezin, dans le Gers, une nouvelle victoire sur Luzech par 20 à 9. Pour ce match, avant la mi-temps, on note trois essais de Thierry Duclos, un d’Eric Abadie, une transformation de Jérôme Théodolin et, à la reprise, un essai de toute beauté, planté par Jean-Luc Gales puis une pénalité de Jérôme Théodolin. Le score final de 20 à 9 pour Magnoac reste sans appel pour Luzech et propulse le MFC en finale le dimanche suivant.

Après cette célèbre finale, René Despaux écrira dans «Les Collines du Magnoac»: «le 11 juin, presque tout le Magnoac sportif a traversé le Comminges pour arriver en pays Cathare». Avec ces quelques mots, tout est dit sur l’ambiance suscitée au sein du canton de Castelnau par cette victoire historique en demi-finale face à Luzech et qui propulse Magnoac vers les hauteurs des cimes. La finale se déroule le dimanche suivant, 11 juin 1995, à Foix face à Nissan, club de l’Hérault. Les supporters font le déplacement en grand nombre et en musique puisque la fanfare cantonale, les célèbres «Enfants du Magnoac», est de la partie. Depuis fort longtemps, celle-ci est d’ailleurs la fidèle accompagnatrice des grandes heures magnoacaises.

Le 11 juin 1995 ou l’apothéose

Comme partout en France, ce 11 juin est aussi la journée où se déroulent les élections municipales. A Castelnau-Magnoac, les affaires électorales ne permettent pas à tous de se déplacer à Foix. Le match de la finale se déroule dans un climat stressant car, bien sûr, l’enjeu tue le jeu. Conséquence: une défense particulièrement rude s’instaure chez les deux antagonistes mais le MFC arrache finalement la victoire après prolongations. Jérôme Théodolin marque deux pénalités et Frédéric Portal en marque une tandis que, pour Nissan, Cossia signe deux pénalités d’où le résultat de 9 à 6. Le match s’arrête sur un malheureux et condamnable incident: des joueurs de Nissan s’en prennent violemment à l’arbitre Philippe Larbalétrier qui regagne les vestiaires en sang. Le pauvre malheureux, victime d’un malaise, est hospitalisé. Nissan sera sanctionné bien légitimement. Magnoac, heureux, s’empresse de recevoir le bouclier de Brennus que brandissent fièrement Michel Castex et ses coéquipiers sous les yeux de la télévision. Inutile de décrire l’euphorie soulevée chez les supporters, les entraîneurs Jean-Louis Carruesco et Jean-Michel Déro, les dirigeants, le président Édouard Desbets. La plupart des champions de 1970 sont présents sauf Jean-Claude Couribaut, expatrié en Guadeloupe. Roland Théodolin, vainqueur de 70, papa de Jérôme, lui aussi à présent champion de France, rapporte l’anecdote suivante: «Hugues Cabos, en larmes, tombe dans les bras de Gégène, son papy, en lui disant: «merci papy d’être venu»! Ce geste symbolique en dit long…

Voici la liste des quinze joueurs du MFC, champion de France Honneur 1995 : Jérôme Théodolin, Jean-Luc Galès, Alain Recurt, Hugues Cabos, Frédéric Portal, Duclos, Estaque, Christophe Boyer, Eric Abadie, Bernard Louges, Gilles Prat, Michel Castex, Daniel Ruffat, Christophe et Philippe Ricaud. Les remplaçants qui sont rentrés sur le terrain sont les suivants : Castets et Yannick Déro.

Michel Castex, le capitaine de l’équipe “rouge et blanc”, nous livre aujourd’hui ses impressions et ses souvenirs à propos de cette illustre saison et de cette mémorable journée de finale.

Le retour du match à Foix est particulièrement agité. On s’en doute naturellement. Le bus des joueurs, conduit par Léon Abadie, précède celui des supporters qu’Alain Dupuy pilote. Aujourd’hui encore, celui-ci se rappelle de l’ambiance folle : arrêts fréquents pour pallier aux inconvénients de la déshydratation, traversée glorieuse de Boulogne-sur-Gesse avec les ovations des habitants… Le bus d’Alain séjourne plusieurs jours à Castelnau à l’instar de l’euphorie générale qui, elle aussi, s’empare durablement de la grande famille rugbystique. Peu avant vingt heures, les premières voitures des supporters entrent dans Castelnau mais l’essentiel du cortège fait son apparition vers vingt deux heures. Le maire Pierre Dupont proclame les résultats des élections et annonce forcément, dans la foulée, la victoire des “rouge et blanc” aux habitants n’ayant pas effectué le déplacement. La fête éclate : klaxons, acclamations, cohue générale, tour de la ville, bal animé par la disco de Pierre Lannes… Un premier tracteur conduit par Thierry Ravelli tire la remorque où s’est nichée la fanfare du Magnoac qui joue sans interruption. Un second tracteur, conduit par Pierre-Yves Georges, tire celle où sont montés les joueurs. Bref une semaine épique et féerique s’ouvre pour le club !

Le témoignage de Michel Castex, «le 11 juin 1995, j’étais capitaine»

Après un bon recrutement, la saison 1993-1994 était l’année de tous les espoirs. L’équipe une se retrouvait classée première de poule à l’issue des phases qualificatives et était considérée comme favorite du barrage contre Adé à Capvern. Nous devions cependant nous incliner d’où une grande déception. Les joueurs, conscients d’être passé à côté de quelque chose, prenaient alors une décision commune, lors de l’assemblée générale: celle de rester unis pour la saison suivante. A l’inverse de 93-94, la saison 94-95 fut difficile car tous les clubs avaient plus ou moins recruté. Malgré tout, nous sommes arrivés à décrocher le billet de qualification contre Mirande à Trie. Heureusement, la chance était du côté du MFC car le buteur Mirandais ne trouva jamais le chemin des poteaux ce qui facilita l’obtention d’une place en finale à Auch contre Plaisance.

La grande aventure commença par la foulée sur la pelouse du Moulias où, en bon capitaine, j’allais faire le toast sous ces tribunes dignes d’un haut niveau et sous lesquelles tous les joueurs rêvent un jour de se changer. Au bout de 80 minutes, devant une grande équipe de Plaisance, à l’image de son capitaine Ducousseau, et devant une marre de supporters “rouge et blanc” nous brandissions le bouclier Armagnac-Bigorre Honneur. Jean-Louis Carruesco l’avait précisé: «si l’on gagne la finale, je me les coupe». Pari accompli, promesse tenue: c’est moi-même qui lui coupa sa moustache.

La montée: quant on est vainqueur, on en veut toujours plus et, déjà, il fallait penser aux 32e contre St-Affrique en match aller-retour qui, en plus de la victoire, aura permis de vivre l’une des plus belles réceptions dans les caves de Roquefort. Les 16e de finale contre Salies-de-Béarn ne causèrent pas de problèmes particuliers. Les 8e de finale contre Coursan voyaient, à la dernière minute, Gilles Prat (dit “le turc”) asséner un coup de poing à un adversaire d’où une pénalité en face des poteaux, laquelle aurait pu stopper éventuellement notre course. Mais comme nous le répétait Jean-Louis Carruesco, «les anges sont avec nous» et, en effet, ils dévièrent la trajectoire du ballon. Le match en quart de finale contre Dreux se passait à Rouillac. Ce fut un grand voyage avec un départ le samedi pour l’Hôtel. Quel plaisir! Deux cars de supporters en déplacement et nous voilà à l’assaut d’une victoire supplémentaire! La demi-finale avait lieu à Mauvezin contre Luzech. La bataille fut acharnée pendant les dix premières minutes: «quand ça tient devant, les gazelles s’en vont». Merci aux Estaques, Abadie, Gales… etc… De là, place à l’apothéose: la finale était prévue à Foix contre Nissan. Et ce fut reparti comme précédemment avec l’Hôtel, le décrassage, le petit déjeuner… La nuit du samedi fut calme excepté dans la chambre de Ricaud, Ruffat et Borrel où quelques bruits de bouteilles retentissaient dans les couloirs. Mais Jean-Michel Déro, en bon gendarme, fit respecter le couvre-feu.

Le dimanche, sous les applaudissements des supporters et la banda de Castelnau, et après les prolongations, l’ancien Maxou passa le premier pour aller chercher le bouclier de Brennus sous la menace des supporters et joueurs de Nissan. Les arbitres connurent un sale quart d’heure. Le Magnoac se retrouva en folie. Au retour, la place du marché de Castelnau fut envahie par la population cantonale. C’est avec l’aide d’un char attelé à un tracteur que les champions du pays défilèrent dans le bourg avant d’entamer une grande nuit d’ivresse inoubliable. Comme tous les autres dimanches, la cravate du président ne résista pas à mon impérieuse envie de la sectionner. Une page du Magnoac était écrite. Merci à tous mes co-équipiers du moment! A l’issue de l’écriture de ce témoignage, ma pensée se tourne vers Boboy.